Le fossé numérique est la différence entre ceux qui ont accès à de la technologie abordable, à des compétences et à des possibilités de tirer parti de ces compétences, et ceux qui n’en ont pas. L’examen du fossé numérique nous aide à comprendre les inégalités et les répercussions qui entrainent l’exclusion numérique. Les gens qui sont exclus sur le plan numérique sont souvent ceux qui vivent déjà des inégalités socioéconomiques, y compris les personnes à faible revenu, les habitants des régions rurales et éloignées, les Autochtones, les ainés, les personnes de couleur et les personnes handicapées.
Réutilisez cette mini-infographie! Vous êtes libre d’utiliser l’image dans le cadre de vos propres efforts d’inclusion numérique.
En plus du défi de longue date en matière d’infrastructure dans les régions rurales et éloignées (seulement 46 % des Canadiens des régions rurales et 35 % des Premières Nations ont accès à des vitesses Internet de 50/10 mégabits par seconde comparativement à 99 % des ménages urbains), un faible revenu est un facteur déterminant de l’exclusion numérique. Les personnes à faible revenu sont souvent plus âgées, moins scolarisées, racialisées, autochtones et des immigrants récents. À Toronto, par exemple, les gens des quartiers à faible revenu ont moins d’appareils, des niveaux de connexion plus faibles et des vitesses plus lentes lorsqu’ils sont branchés.
Les Canadiens à faible revenu sont moins susceptibles d’avoir une connexion Internet et un ordinateur à la maison, et sont plus susceptibles de dépendre de téléphones intelligents et des réseaux wifi publics. En 2016, 45 % des Canadiens gagnant moins de 32 000 $ n’étaient pas abonnés à un service Internet à domicile comparativement à 13 % en moyenne. Lorsque les Canadiens à faible revenu sont branchés à Internet, ils consacrent une plus grande partie de leur budget à ce service, sacrifiant parfois d’autres besoins fondamentaux. Et ils ont seulement les moyens de se procurer des services de base limités et plus lents. Les Canadiens qui gagnent moins de 32 000 $ consacraient 9 % de leur budget aux communications, ce qui représente en moyenne 149 $ par mois. En comparaison, les personnes ayant les revenus les plus élevés, gagnant plus de 130 000 $ par année, ne dépensaient que 2 % de leur revenu pour les communications, pour un cout mensuel moyen de 307 $.
La plupart des personnes apprenantes adultes dans les centres d’AFB ont de faibles revenus en raison d’un travail précaire et mal rémunéré et de leur dépendance au soutien du revenu. Environ 40 % des personnes apprenantes, soit quatre fois la moyenne provinciale, dépendent d’une forme quelconque de soutien du revenu, comme l’aide sociale et l’aide aux personnes handicapées. Ceux qui travaillent occupent des emplois à temps partiel mal rémunérés. Les difficultés causées par leur faible revenu sont souvent la raison pour laquelle ils cherchent à participer à un programme d’AFB lorsqu’ils entreprennent leur cheminement pour obtenir un titre de compétence ou s’inscrivent à un centre de formation qui peut mener à un travail plus stable et mieux rémunéré.
Une formatrice en AFB œuvrant dans un centre communautaire a décrit les défis auxquels ses apprenants ont fait face lors de la fermeture des centres de formation au printemps 2020 :
J’ai constaté que la plupart d’entre eux n’avaient pas d’ordinateur portatif ni d’ordinateur de bureau. Ils avaient un téléphone. Aucun d’entre eux n’avait Internet. Certains avaient juste un forfait de données pour vérifier leurs courriels. Ceux qui avaient un téléphone cellulaire avec des données avaient un nombre de minutes limité. Certaines personnes apprenantes ne se sentaient pas à l’aise d’utiliser leurs données. Lorsque nous étions ouverts, ils venaient sur place utiliser notre réseau wifi pour vérifier leurs courriels.
Dans le cadre d’un autre projet d’AlphaPlus, les formateurs et les coordonnateurs de centres de formation ont fait part de leur expérience de travail avec des personnes apprenantes qui font face à des défis en matière d’accès et d’abordabilité. Vous trouverez ci-dessous la traduction d’extraits de Wayfinders Studio, Personalized Delivery (Prestation personnalisée), 2021.
À seulement 27 kilomètres au nord de chez moi, j’ai quatre apprenants – cinq maintenant – qui n’ont pas du tout Internet dans leur communauté. Ne pensez même pas à une connexion lente, il n’y en a pas. Nous, nous avons une connexion DSL lente. La plus haute vitesse – de téléversement, téléchargement, tout ce que mon ordinateur peut faire –, c’est 3 kbps [kilobits par seconde]. J’ai fait venir Bell. Nous avons tout essayé. Ils ont dit que c’est tellement archaïque – parce que c’est rural, parce que c’est dans le Nord, parce qu’il n’y a presque pas de population – que l’infrastructure n’existe pas. Vous pouvez payer Bell des centaines de dollars par mois, mais vous n’obtiendrez rien de mieux que ce que vous avez. Ça a été notre défi – ça, et le matériel pour les personnes apprenantes. Je suis tellement surprise. Nous travaillons tellement avec eux et je ne me suis pas rendu compte qu’ils se débrouillent tous juste avec leur téléphone et que le téléphone a un nombre de minutes limité. Quand les bibliothèques ont fermé, ça leur a enlevé un lien vital.
C’est là que se situe le plus grand problème maintenant : tout ce concept de matériel, de logiciels et d’Internet. Avant, si vous vous souvenez, quand on achetait un ordinateur portatif ou un ordinateur de bureau, tout était préinstallé. J’ai demandé aux personnes apprenantes de prendre leur ordinateur portatif parce que je faisais une leçon vidéo et je leur ai demandé d’ouvrir Excel, mais ils ne le trouvaient pas. Je les ai fait venir au bureau pour voir et il n’y avait rien – aucun logiciel préinstallé. Ça coute 100 $ pour acheter Microsoft Word. Comment trouveront-ils 100 $? C’est formidable qu’OT [Ontario au travail] leur ait donné un petit ordinateur portatif, mais il n’y a pas de logiciel dessus à part Windows 10. Ces problèmes ont certainement été très difficiles.
Ils ont tous des ordinateurs. Certains d’entre eux sont sur leur téléphone pour la réunion Zoom. Et ils se débrouillent – Dieu sait comment – ils se débrouillent assez bien. Mais ils font leurs devoirs à l’ordinateur. Ça dépend des enfants et du nombre d’ordinateurs à la maison.
Quelques-uns d’entre eux ont reçu des fonds pour s’acheter un ordinateur par l’intermédiaire d’OT [Ontario au travail]. Les fonds viennent d’être approuvés. Il y en a un autre qui attend que l’école lui prête un appareil. Ils faisaient tous ça au début – s’ils n’avaient pas d’appareil ou pas Internet, ils se débrouillaient d’une façon ou d’une autre.